VAUBAN
Les fortifications de Vauban sont un ensemble de douze sites français inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2008. Une manière solennelle de saluer la mémoire du grand homme à l’occasion du tricentenaire de sa mort, le 30 mars 1707. Et pour nous, une occasion choisie de rappeler qui était Vauban et de souligner l’intérêt exceptionnel de la fameuse collection des plans-reliefs de l’hôtel des Invalides.
Le grand stratège, preneur de cités et surtout défenseur hors pair, l’architecte de trois cents places fortes (dont plus de trente créées par lui), a occulté, dans l’opinion commune, l’autre facette du « bonhomme Vauban » : celle d’un humaniste attentif à toutes les conditions, d’un sociologue avant la lettre, d’un véritable fondateur en France de l’économie politique.
Toute la carrière militaire de cet homme sorti du rang pour devenir, en fin de compte, maréchal de France, tout son parcours de soldat, auront été guidés par l’obsession d’épargner des vies et d’améliorer le quotidien des combattants. Plusieurs fois blessé lui-même, témoin d’abord impuissant des sièges sanglants de sa jeunesse, il n’aura de cesse d’inventer les moyens de rendre ces assauts moins meurtriers – tant pour les assaillants que pour les défenseurs.
Commissaire général des Fortifications à partir de 1678, il est astreint à de longs déplacements à travers le royaume, occasion incessante d’observer les provinces traversées et de rencontrer les sujets souffrants du roi de France. Ainsi Vauban prend-il conscience des conditions de vie de ses contemporains. Installé dans sa basterne – un bureau volant porté par des mulets -, il meuble ses heures de voyage à rédiger les Oisivetés, recueil d’observations et de réflexions à la confluence de la démographie, de la géographie et de l’économétrie.
Pourtant, le roi Louis XIV et son ministre Louvois se sont longtemps appuyés sur cet homme sain et droit, qui refuse les artifices et les faux-semblants de la Cour. Il s’est toujours prononcé franchement sur les sujets les plus épineux… Et celui que Voltaire appellera
« le premier des ingénieurs et le meilleur des citoyens »
est seul ou presque à s’élever contre les conséquences funestes de la révocation de l’Edit de Nantes, ou la généralisation des dragonnades. Aussi bien, quelque action que l’on retienne de Vauban, elle paraît – sous un rude caractère – dictée par la tendresse du cœur et la noblesse de l’âme.
« Il y a un relief de Namur dans les Tuileries, écrit Vauban à Louvois en octobre 1695 ; je vous demanderai d’avoir la complaisance d’y venir avec moi. Je vous ferai toucher au doigt et à l’œil tous les défauts de cette place, qui sont en bon nombre, et en même temps vous ferai apercevoir comment se pourrait corriger celui qu’on m’impute. »
Cette incroyable collection de places fortes en réduction s’accroît durant tout le règne de Louis XIV, au gré des conquêtes militaires de l’insatiable souverain… Puis elle se poursuit, sur un mode minoré, jusqu’à la Révolution. L’Empire, bien sûr, mais aussi les régimes qui lui succèdent, s’emploieront à renouer le fil ; et il faudra attendre 1870 et la fin définitive de la fortification bastionnée, pour que les stratèges français n’acceptent d’y renoncer.
À l’époque, la collection compte quelque cinquante « plans-reliefs » – car tel est le nom que l’on a fini par donner à ces maquettes aussi précises qu’attrayantes. La galerie qui les abrite, aux Invalides, ne fait pas seulement figure de grande curiosité : elle présente aussi un intérêt topographique et historique majeur, en offrant à la postérité une mine de renseignements inestimables sur l’architecture militaire et civile, l’urbanisme, voire l’agriculture de chaque époque d’élaboration.
Les douze sites de cette série sont, par ordre alphabétique :
Arras (Pas-de-Calais), la citadelle ;
Besançon (Doubs), la citadelle, l’enceinte urbaine et le fort Griffon ;
Blaye-Cussac-Fort-Médoc (Gironde), la citadelle de Blaye, l’enceinte urbaine, le fort Paté et le fort Médoc ;
Briançon (Hautes-Alpes), l’enceinte urbaine, la redoute des Salettes, le fort des Trois-Têtes, le fort du Randouillet, l’ouvrage de la communication Y et le pont d’Asfeld ;
Camaret-sur-Mer (Finistère), la tour dorée ;
Longwy (Meurthe-et-Moselle), la ville neuve de Longwy ;
Mont-Dauphin (Hautes-Alpes), la place forte ;
Mont-Louis (Pyrénées-Orientales), la citadelle et l’enceinte ;
Neuf-Brisach (Haut-Rhin), la ville neuve ;
Saint-Martin-de-Ré (Charente-Maritime), l’enceinte et la citadelle ;
Saint-Vaast-la-Hougue/Île Tatihou (Manche), les tours observatoires ;
Villefranche-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), l’enceinte, le fort Libéria et la grotte dite « Cova Bastera ».
Musée des Plans-Reliefs
Hôtel des Invalides à Paris
du 1er octobre au 31 mars, de10h à 17h
du 1er avril au 30 septembre, de10h à 18h.
Fermeture le 1er lundi de chaque mois, et les 1er janvier, 1er mai, 1er novembre et 25 décembre.
Galerie des Plans-Reliefs
Palais des Beaux-arts de Lille
Le lundi de 14h à 18h
Les mercredi, jeudi, vendredi, samedi et dimanche de 10h à 18h
Fermé le lundi matin et le mardi