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La Comtesse de Cagliostro

Dans l’un des plus fameux (et talentueux) épisodes des aventures d’Arsène Lupin, La Arsène LupinComtesse de Cagliostro, l’intrigue se noue autour d’un ténébreux secret, celui du fabuleux trésor des sept abbayes de Haute-Normandie, dont celles des boucles de la Seine:Saint-Wandrille, Jumièges et Saint-Georges.

À cette époque, Arsène Lupin n’a que 20 ans, et se fait appeler Raoul d’Andrésy, lorsqu’il tombe éperdument amoureux de la plus troublante des femmes, Joséphine de Balsamo, comtesse de Cagliostro. Suivons-les, et longeons comme eux «les ruines de la célèbre abbaye» de Saint-Wandrille, au pied de l’actuel pont de Brotonne, à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Rouen.

Situé au fond d’un vallon, au flanc du coteau de Fontenelle, le site est impressionnant, et même farouche. Une fois franchie la petite porte de côté surmontée d’un pélican sculpté dans la pierre (rare symbole du Christ), près des ruines de l’ancienne abbatiale Saint-Pierre on remarque des panneaux réclamant le silence. Des cloches sonnent longuement, appelant les moines aux offices. Attention à ne pas oublier que règne à nouveau, depuis 1931, le rite de l’ordre de saint Benoît, instauré au 7ème siècle lors de la fondation du monastère. Raison pour laquelle il faut en passer par des visites guidées pour découvrir le cloître ou la nouvelle abbaye Saint-Pierre et Saint-Wandrille, reconstruite par les moines en 1968 avec des matériaux datant du 13ème siècle.

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Étant donné l’atmosphère, il serait malvenu de rappeler que Maurice Leblanc, le père de notre célèbre «gentleman cambrioleur», a beaucoup fréquenté ces lieux au début du 20ème siècle, à l’époque où sa sœur, la fantasque comédienne Georgette Leblanc, y avait élu domicile avec son compagnon, l’écrivain belge Maurice Maeterlinck.

Franz Golhen, Abbaye de Jumièges, marked as public domain

Mais quittons Saint-Wandrille, et revenons à Raoul et Joséphine vivant les premiers temps de leur passion. Bientôt, hélas, la recherche du trésor des abbayes va les dresser l’un contre l’autre. Tout va se jouer près d’un certain manoir, ancienne dépendance de Jumièges, «jadis la plus puissante et la plus riche des abbayes normandes», comme l’explique fort bien Raoul à Joséphine. Il a tout à fait raison d’ajouter que la favorite du roi Charles VII, Agnès Sorel, a séjourné au manoir de la Vigne, «à une petite lieue de distance» de l’abbatiale. La légendaire «Dame de Beauté» y est même morte le 9 février 1450, et son cœur fut déposé dans le transept nord de l’église Notre-Dame de Jumièges.

Le site, là encore, est on ne peut plus familier à Maurice Leblanc. Il a passé bien des vacances dans cette gentilhommière ronde en briques rouges, propriété de son oncle, située juste en face de l’entrée de Jumièges, réduite aujourd’hui au rôle d’office du tourisme et de poste du village. On imagine combien la plus haute nef normande, devenue à la Révolution une des plus belles ruines de France, sinon la plus belle, a dû faire rêver le futur écrivain. Rien d’étonnant, donc, à ce qu’elle ressurgisse dans son œuvre.

À Jumièges, seules les deux puissantes tours de l’abbatiale Notre-Dame se dressent encore sur le ciel, du haut de leurs 47 mètres. Ensuite il faut se faire un peu archéologue, et partir en repérage parmi les vestiges de la nef romane qui s’élevait à 25 mètres, puis rejoindre ceux de l’église Saint-Pierre (ne pas rater, sur un pan de mur, un visage peint d’époque carolingienne), par ce qui reste d’une galerie couverte dite «passage Charles VII» (en réalité antérieure de plus d’un siècle au souverain).

Face à ces ruines à ciel ouvert d’une telle ampleur, d’une telle splendeur, comment ne pas se dire que l’on a vraiment sous les yeux l’illustration même de l’entreprise de destruction que fut, sur le plan architectural, la Révolution française ?

On débouche alors sur le parc, et c’est de là que Jumièges est la plus belle. Plus on s’éloigne, et plus ce qui reste de la tour lanterne qui éclairait la croisée du transept de Notre-Dame prend de relief, avec son allure de fantastique trompe-l’œil. Il faut s’éloigner encore, puis s’asseoir sur les bancs ou sur l’herbe, et rester là, prendre son temps, s’imprégner des pierres sur le ciel, des arbres – hêtres pourpres, érables, charmes, tilleuls – des verts innombrables sur la forêt à l’horizon (la Seine est juste derrière), du silence, de la lumière normande si changeante.

À l’assaut de la forêt de Roumare

En quittant Jumièges et en suivant toujours la Seine vers Rouen, quelques kilomètres après avoir traversé Duclair on arrive à Saint-Martin-de-Boscherville, village très fleuri tiré au cordeau. Fermant la place principale, perchée en haut d’un escalier de pierre, l’abbatiale Saint-Georges dresse sa pure façade blanche.

St-Georges
BodokleckselStGeorgeBoschervilleCC BY-SA 3.0

Si Maurice Leblanc et son célèbre fils la reconnaîtraient sans peine aujourd’hui, ils seraient par contre bien surpris de découvrir les jardins qui s’étendent derrière l’abbaye. Car depuis 1992, le département a entrepris de les recréer tels que les moines mauristes les avaient imaginés

Abbaye Saint-Georges de Boscherville
PMRMaeyaertSaint-Martin-de-Boscherville, Abbaye Saint-Georges-PM 06818CC BY-SA 3.0

vers 1680. Et voilà à nouveau les foisonnants carrés du potager et du verger, les parterres et les bosquets à la française montant vivement à l’assaut de la forêt de Roumare jusqu’au pavillon des Vents entouré de jeunes plans de vigne, d’où l’on découvre la façade arrière de l’abbatiale dans toutes ses subtilités. Quant au jardin de curé, un des derniers aménagements en date, reconstitué au chevet de l’église autour d’une vasque de pierre blanche, il a pris en deux ans une allure exubérante.

Si Arsène Lupin et son père n’ont pas pu voir les jardins, et pour cause, on peut être sûr qu’ils ont admiré l’étonnante salle capitulaire bordant le cloître. Et parions qu’ils devaient savoir que Victor Hugo avait évoqué dans Notre-Dame de Paris, dès 1831, cette salle «à laquelle la couche romane vient jusqu’à mi-corps».

Car Maurice Leblanc, natif de Rouen, n’ignorait rien de sa région qu’il aimait passionnément et sillonnait inlassablement à bicyclette, communiquant sa double passion à son galopin de fils.

Abbaye Saint-Wandrille
76490 Saint-Wandrille-Rançon
02.35.96.23.11
https://st-wandrille.com/

Abbaye de Jumièges
76480 Jumièges
02.35.37.24.02
http://www.abbayedejumieges.fr/

Abbaye Saint-Georges
76840 Saint-Martin-de-Boscherville
02.35.32.10.82
www.abbaye-saint-georges.com

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