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Le Journal des Goncourt-Mémoires de la vie littéraire

1996 a marqué le centenaire de la mort d’Edmond, l’ainé des de Goncourt, dont, si le nom est connu de tous grâce au lègue du très prisé Prix littéraire (et cette année-la a été attribué a Andrei Makine), la fortune de l’œuvre elle-même, souvent remise en question ou délaissée, n’a pas toujours eu la cote. Le “phénomène Goncourt” tient a plus d’un élément dont l’essentiel est au coeur même du paradoxe d’hommes de lettres dont les deux exigences étaient d’une part de dire la vérité absolue, et d’autre part d’être artiste, écrivain-artiste inventant une “écriture artiste”, équivalent littéraire de l’impressionnisme en peinture. Mais ce paradoxe en est-il bien un ? Cette quête de vérité absolue leur causa bien des déboires.

Il semble que souvent les chercheurs de vérité, surtout s’ils sont différents, se heurtent a l’hostilité de leurs contemporains. Jean-Jacques fut la bête noire de génie en ce XVIIIe siècle, tant des Goncourt, et chez lui aussi le souci de vérité est indissociable de celui de l’art. Le dernier texte de Rousseau, Les Rêveries, contiennent certaines des plus “belles” de notre littérature, et pourtant elles cherchent seulement à dire vrai. (Ah, mais le vrai, le beau, le bien, ne sont-ils pas trois aspects du même objet?)

Edmond de Goncourt

Une question que l’on se pose souvent au sujet des Goncourt est la problématique de l’écriture: comment peut-on écrire “a deux”. Il n’y a pas à notre connaissance d’autres exemples de collaboration littéraire si étroite et qui durera jusqu’à la mort de Jules, 26 ans avant Edmond. S’il est vrai que tout écrivain à sa “muse”, ou son lecteur favori-pour Gary, ce fut sa mère; George Izambard pour Rimbaud il est généralement admis que écriture et solitude sont presque synonymes; un critique a même avancé qu’il y a deux choses que l’on fait seul: écrire et mourir. Dans leurs premières oeuvres ou chacun écrivait alternativement un chapitre on discerne assez la facture de Jules (plus recherchée, plus sensible) de celle d’Edmond. Mais bien vite ces deux frères qui s’adoraient parvinrent à une harmonie où les deux écritures se fusent: après avoir discute d’un projet, ils se séparaient, allaient chacun écrire leur chapitre, puis se réunissaient et choisissaient ensemble les meilleures pages.

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Sur le perron d'Edmond de Goncourt

L’intérêt au siècle précèdent, le méchant siècle de l’Ancien Régime, participe en fait de leur intérêt à l’Histoire autant qu’à l’art; L’Art au XVIIIe siècle, l’Amour au XVIIIe siècle en font preuve. Ces amateurs de bibelots, férus d’antiquaille et de brocante, furent les premiers peut-être à collectionner les vieilleries dont la principale qualité étaient précisément leur âge. Mais peut-être lisaient-ils dans chaque vieil objet témoin de son temps une anecdote, un incident spécifique. Ces deux lettres qui avaient choisi de “ne rien faire dans la vie”, c’est-à-dire de s’occuper seulement d’art et de littérature-mais non en dilettante, avec tout le sérieux et l’acharnement qu’on leur connait-se voulaient avant tout observateur du monde et de l’existence; ce souci scientifique que l’on nomme “naturalisme” s’est exprimé d’abord dans les dessins de Jules, ses portraits, ses carnets, puis les portraits écrits: ils voulaient peindre le monde par l’écriture tel quel, sans le romancer.

Edmond de Goncourt dans son cabinet de travailLe Journal est un ouvrage immense ou les auteurs déballent tout ce qu’ils ont glané dans leur journée; c’est un document précieux faisant le bilan des dernières cinquante années de leur siècle; l’observation et l’anecdote y suppléent une certaine carence d’imagination, et bien peu d’entre nous ont le courage de le lire en entier; pourtant si l’on s’y attèle, on y prend goût, car ces sketches d’une vie passée nous en disent bien plus long sur notre histoire que les livres d’histoire, ces derniers arrangent plus ou moins les listes de défaites et de conquêtes de certaines armées contre d’autres.

L’histoire que l’on apprend en cours d’histoire peut être abstraite, mais ce qui intéresse les Goncourt, et notre génération, est le détail, ou fragment, qui, sans devenir symbole, est synecdoque: c’est la partie pour le tout, c’est l’échantillon taillé dans la fibre même de l’histoire avant la lettre, telle qu’elle est vécue au quotidien, avant que l’historien n’y découvre, de loin ou de haut, ses courants principaux et ne les fige en données absolues.

Le jumellement des Goncourt n’est pas seulement exprimé par le fait qu’ils furent deux à écrire, mais par leur double vocation de peintre et d’écrivain finalement fusée en une seule.

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