Par Kirsten Keppel : Impressionists on the Seine, A Celebration of Renoir’s Luncheon of the Boating Party » (Les impressionnistes sur la Seine, une célébration du déjeuner de la fête nautique de Renoir), A ÉTÉ UNE EXPOSITION EN 1997 qui s’est tenue à la Phillips Collection, 1600 21st Street, NW, Washington, DC.
L’une des meilleures fêtes de la saison durera trois mois et demi et aura lieu à Washington, D.C. « Impressionnistes sur la Seine, une célébration du « déjeuner de la fête nautique » de Renoir » est un hommage de six pièces et 60 tableaux aux peintres impressionnistes préférés Pierre-Auguste Renoir, Claude Monet, Edouard Manet, Camille Pissarro, Gustave Caillebotte, Berthe Morisot et Alfred Sisley. Installée dans les charmantes salles de la Phillips Collection, le premier musée d’art moderne américain créé dans la maison privée de Duncan et Marjorie Phillips, l’exposition recrée l’atmosphère des lieux de rendez-vous bien connus créés dans les villes franciliennes de Bougival, Asnières, Argenteuil et Chatou, qui accueillent les fêtards parisiens le week-end. À Chatou, par exemple, le et son restaurant accueillent les citadins usés qui ont envie de ramer, de bien dîner et de passer la nuit. Le propriétaire Alphonse Fournaise transforme la fête en location de bateaux, restaurant et petit hôtel, que Renoir fréquente souvent vers 1870.
Le célèbre tableau de Renoir, Le Déjeuner de la fête nautique, a été inspiré par la convivialité et l’atmosphère qui régnaient à la Fournaise et qui reflétaient l’interaction entre les classes sociales en raison des changements survenus en France entre le milieu et la fin du dix-neuvième siècle. Renoir a commencé à peindre ce tableau dans les années 1880, à un moment de sa vie où il semblait traverser une crise de la quarantaine. Il écrit à son ami et mécène Paul Berard :
« Je suis à Chatou… Je fais un tableau de rameurs qui me démangeait depuis longtemps. Je ne rajeunis pas et je ne voulais pas reporter cette petite fête que plus tard je ne pourrai plus m’offrir — c’est déjà très difficile… Même si les dépenses énormes que j’engage m’empêchent de terminer mon tableau, c’est toujours un pas en avant ; il faut de temps en temps tenter des choses qui dépassent ses capacités ».
Le « Déjeuner du canotier » témoigne de la capacité de Renoir à capturer un groupe de personnes en une seule image d’un moment donné. Sa qualité cinématographique et son jeu de lumière magistral sont étonnants si l’on considère qu’il n’existe aucune esquisse sur papier ou petite étude peinte de l’œuvre. L’illusion tridimensionnelle est créée par l’auvent au-dessus de la table et le mélange des personnages qui y sont assis. Figures du tableau, amis de Renoir dans la vie réelle.
La « Petite fête » est aujourd’hui considérée comme l’un des plus grands tableaux du monde, caractéristique de la période impressionniste. Le tableau représente le sujet favori des impressionnistes, la bourgeoisie moderne au bord de la Seine. Le marchand d’art parisien Paul Durand-Ruel a acheté le tableau en 1881 et l’a inclus dans la septième exposition impressionniste en mars 1882. Le tableau est resté dans la collection privée de la famille Durand-Ruel jusqu’à ce que Duncan Phillips, petit-fils américain d’un fondateur de la Jones and Laughlin Steel Company, l’achète pour une somme estimée à 125 000 dollars, la plus grosse somme jamais payée pour une œuvre de Renoir. En 1921, Phillips et sa femme artiste Marjorie ont transformé leur maison en un musée qu’ils voulaient « source de joie et d’amélioration de la vie, en aidant les gens à voir la beauté comme le font les vrais artistes ». La Collection célèbre cette année son 75e anniversaire ; la Ford Motor Company parraine cette exposition d’œuvres provenant de collections situées dans dix pays du monde entier.
Outre le Renoir, l’exposition présente d’autres tableaux. La Seine à Bougival de Manet et Le bassin d’Argenteuil au coucher du soleil de Monet sont deux des plus belles représentations des couleurs du coucher du soleil. L’automne sur la Seine à Argenteuil de Monet présente des feuilles dont l’éclat sur les rives du fleuve rivalise avec celui des montagnes ou des forêts. Comme chaque tableau représente une scène au bord de l’eau, leur reflet donne aux tableaux un aspect encore plus grand et réel. Les tableaux sont joliment exposés contre un mur peint en bleu profond et mis en valeur par des planchers en bois dur. La présentation des six salles du musée, soigneusement choisie, de bon goût et subtile, fait croire au spectateur que la collection entière est beaucoup plus grande qu’elle ne l’est en réalité.
L’un de mes tableaux préférés est Le bateau-atelier de Monet, qui représente l’atelier flottant de l’artiste qu’il a acheté et transformé en atelier d’artiste sur l’eau en 1871. L’histoire du tableau présentée par le musée explique que Monet a peut-être été inspiré par le bateau-atelier de son mentor, Charles Daubigny. L’atelier-bateau permettait à l’artiste d’avoir un meilleur accès à son sujet principal, la rivière, et de peindre malgré les éléments extérieurs.
La Seine relie la capitale enclavée à la mer et au monde. Si le Rhône est le plus grand fleuve de France, la Seine en est le plus symbolique, jouant un rôle majeur dans la littérature et la peinture. Guy de Maupassant, que l’on voit au début de l’exposition sur une photographie avec Jeanne Dumas d’Hauterive et Geneviève Strauss où toutes trois rament sur le fleuve, a écrit dans sa nouvelle « Mouche » en 1890 :
« Pendant dix ans, ma seule passion a été la Seine. Ce fleuve charmant, calme, toujours en mouvement, puant, plein de glamour et de saleté ! Je l’aimais tant, je crois, parce qu’il me donnait le sens de la vie ».
Entre le milieu et la fin du XIXe siècle, la Seine a transformé la façon dont les Parisiens s’amusaient et les localités dans lesquelles les poètes, les artistes et les écrivains étaient attirés pour créer et s’adonner à des activités de loisirs. Il est ironique de penser que les habitants de Paris d’hier et d’aujourd’hui connaissent surtout ces villes de Bougival, Chatou, Asnières et Marly-le-Roi comme des arrêts de la ligne A du RER. Cette exposition leur donnera envie de revenir sur les pas des artistes, de se promener le long du grand fleuve et d’imaginer ses rives animées de conversations, de couleurs et de fêtes d’aviron.
Les guinguettes, c’est-à-dire les salles de danse, les bains et les clubs de location de bateaux, sont fréquentés par les Parisiens qui recherchent les effets de l’air frais et de l’eau. La Grenouillère est un de ces lieux à Bougival, où un café flottant est très apprécié de Monet et Renoir, qui y peignent ensemble en 1869.
Ce n’est pas exactement de la guinguette, mais la merveilleuse exposition de ces peintures de la Phillips Collection incitera certainement votre imagination à recréer le tintement des verres, l’inclinaison du rire d’une cascade et le murmure d’un homme flirtant avec une femme le long du fleuve, alors que Monet peint tout cela dans son bateau-atelier. Le catalogue de 263 pages du musée, « Les impressionnistes sur la Seine », est une magnifique collection de peintures accompagnée d’essais informatifs sur la vie et les loisirs sur la Seine, le rôle du fleuve en tant que sujet et symbole dans la littérature française du XIXe siècle, et de portraits des artistes. Ces œuvres impressionnistes ne sont pas destinées à ceux qui ont besoin de l’art pour résoudre des problèmes complexes.
Ils s’adressent à l’épicurien connaisseur de cet élixir trop insaisissable qu’est la « qualité de vie », à ceux qui se consacrent à la recherche non seulement de liberte, egalite, fraternite, mais aussi d’antiquite, de qualite, de convivialite.
« Impressionists on the Seine, A Celebration of Renoir’s Luncheon of the Boating Party » se poursuit jusqu’au 9 février 1997 à la Phillips Collection, 1600 21st Street, NW, Washington, DC 20009-1090. Informations au public : 202-387-2151, poste 274.
Les billets peuvent être obtenus à la Phillips Collection ou auprès de Ticket Master (202) 432-7328, (703) 573-7328 ou (410) 481-7328. Le prix des billets est de 8 dollars du mardi au vendredi et de 10 dollars le week-end.
