EN MEMOIRE : MA VIE AVEC MITTERAND
par Marcelline M. Block
C’était mon troisième anniversaire, en juillet 1982, et mes parents m’avaient emmené à Paris. Paris était un endroit idéal pour les tout-petits : il y avait des balançoires dans toutes les aires de jeux, des étangs remplis de poissons affamés qui sautaient et léchaient vos doigts lorsque vous les nourrissiez. baguettes(et leur préféré). ficelles) des canards sympathiques qui venaient d’apprendre à dire pièce de monnaie – pièce de monnaie – pièce de monnaie en français, des promenades à poney et des charrettes de glaces colorées avec de minuscules cornets de glace. C’était l’atmosphère de loisir parfaite dont jouit Paris en été, telle qu’elle est représentée sur les cartes postales et les affiches – la capitale festive du monde.
Chaque jour, je découvre un nouveau coin de ce paradis. Un après-midi ensoleillé, en me promenant près de Notre-Dame, j’ai remarqué un joli âne qui attendait que quelqu’un monte dessus. Comme j’en avais l’habitude à l’époque, je suis allé directement voir le propriétaire et je lui ai demandé : « Quel est le nom de l’âne ? ». C’était la condition préalable. Si le nom me plaisait, je courais chez mes parents pour leur demander de m’emmener. Le propriétaire était un homme agréable en costume de campagne, qui proclamait haut et fort, comme s’il faisait une annonce importante à la foule qui l’entourait : « Le nom de cet âne, Mademoiselle ? C’est MITTERAND. » J’ai senti que certaines personnes qui s’étaient rassemblées autour de moi me regardaient fixement. Quelqu’un a ri, je ne sais pas pourquoi. Je trouvais ce nom TELLEMENT beau, tout comme le petit âne, avec sa soie lisse gris-beige, et un œillet tentateur sur une oreille.
Je ne me souviens pas si j’ai pu monter Mitterand cet après-midi-là, mais je me souviens que, par la suite, chaque fois que nous rencontrions un cheval, un poney ou un âne, je battis immédiatement le quadrupède Mitterand, un mot si charmant. Je me souviens aussi de l’attention que je recevais immédiatement lorsque, montrant un âne, je m’exclamais avec admiration : « Oh ! Mitterrand ! Un autre Mitterand ! De nombreux sourires se sont dessinés dans ma direction. Une fois, une vieille dame très convenable a secoué la tête en signe d’appréciation et a dit : « voyez-moi donc cette gamine, quel esprit !« voyez-moi donc cette gamine, quel esprit ! c’est effarant ! ». D’autres personnes auraient été irritées, contrariées, voire dégoûtées. Mais pourquoi ? Ce mot a quelque chose de magique.
Marcelline M. Block
Plusieurs poèmes et récits de Marcelline Block ont été publiés et elle vient de recevoir deux Silver Keys awards de l’Alliance of Young Writers. Elle est rédactrice en chef de Polyglot.